jeudi 12 juin 2008

Jimmy Robert (CAC Brétigny)

Sans titre, 2005. Mixed media. 20 x 45 x 60 cm



Sans titre, 2008. 1,58 x 1,12 m. Jet d’encre sur papier Arche. Papier scotch A3

Légèrement Manipulés
Jimmy Robert travaille indifféremment la photographie, la performance ou le film, essayant de créer une conversation entre les pièces individuelles mais aussi les utilisant comme des entités indépendantes. Ses installations composées de photos, de collages et d'éléments sculpturaux évoquent l'instabilité de la représentation via la porosité des images, les dynamiques des surfaces créant des images pluridimensionnelles. Dans ses films, l'artiste explore l'idée de juxtaposition et de performativité des matériaux à travers l'utilisation de proches et leur aliénation dans un espace donné. Avec ses performances, l'artiste explore plus directement l'idée du corps comme matériau, ajoutant intentionnellement des couches pour mettre en avant la complexité de la lecture des images. L'intertextualité ou le potentiel des références joue un rôle important dans son travail, la narrativité du contenu et la narrativité de la forme sont ainsi toujours en dialogue que ce soit dans une oeuvre indépendante ou lorsque des oeuvres sont juxtaposées. L'artiste explique ainsi sa démarche: « Mon travail gravite autour de l'espace entre la matérialité et la représentation allant de la photographie au film et à la performance. Il questionne mon insatisfaction à l’égard de l'image objet. J'essaye de regarder l'image comme un objet et par conséquent d’envisager sa relation au corps. A partir de là, ma recherche s'oeuvre sur l'idée de désir et d'image, mais aussi sur la dynamique des surfaces. J'essaye d'activer la porosité de différents supports identifiés comme la littérature et le cinéma, pour aller au-delà de la page ou de l'écran en intégrant l'image ou en incarnant le texte; c'est de toute manière dans la lignée des ‘Correspondances’ Baudelairienne ou d’une synesthésie. En sublimant le désir, j'établis une relation entre tactilité et visualité. Ces dernières années, je me suis très précisément intéressé à Marguerite Duras et sa relation à l'écriture, aux films ainsi qu’à son traitement de la répétition et de la condensation de l'histoire d'amour absolu qu'elle enlève pratiquement du texte et donne comme un souvenir universel à récrire au lecteur/spectateur, amenant l'histoire vers de nouveaux lieux de récit. Sa façon de traduire l’expérience de la vie en une représentation tout autant que la manière dont elle soutient, restitue le désir et la mémoire dans ses thèmes et parallèlement dans la forme, sont constitutifs de ma pratique. Etant moi-même des Antilles françaises, ayant été amené en France, ayant vécu à Londres et en Hollande et maintenant installé à Bruxelles, la notion d'espace, en rapport à l'absence et à l'aliénation, est une problématique qui questionne constamment mon travail, où les doutes et la fragmentation sont moteurs. J'examine la relation entre l'image et le corps sous la forme d’une recherche autour du corps et sa redondance à l'égard de différents médias, en produisant des performances, performances pour la vidéo ou pour des films ; j'explore l'échec des processus d'identification, leur limite, mais aussi, par la productivité, la possibilité de leur constante réinscription dans une signification nouvelle et différente. »

Joanna Fiduccia:
Jimmy Robert’s artworks are liable to attract a whole range of catchall terms for contemporary art: They are performative, yet object-based; cinematic, yet haptic. In this exhibition, ink-jet prints, film and video, MDF boards, and A4-size sheets of white paper manage to make all these descriptors strangely happy consorts. Boards and blank sheets divide and chart the space, functioning not only as makeshift walls and supports but also as compositional elements in their own right. But rather than obscure or modify the standardized format of these elements, Robert embraces their standardization in all its banal glory. In one work, an ink-jet print of a forlorn bedside table is thumbtacked to the wall, partially obscured by a quintet of blank A4s. Other sheets slump together at the floorboard, one printed with a waggish narrative fragment that, as if in the windfall of all this paper, has lost the rest of its tale. By creasing and furling these sheets and distributing their silhouettes throughout the show, Robert uses the blank page, and the ink-jet technology associated with it, to both exploit subtle textures and thwart narrative completion. Such gestures of concealment are like an elegant striptease: in collages tucked behind MDF panels, in a photo portrait partly covered with a twisted page that references the chiffon bodice of Sargent’s Lady Agnew of Lochnaw (a postcard of the nineteenth-century painting rests beside it), or in an undulating torso viewed through a doorway in the film Saynètes, 2004. But in his most stirring works, elusion can also occur in the illusion of full disclosure. Robert’s collages, scanned and reproduced on large posters, seem to crackle with graphic precision, every arabesque of tape precisely affixed behind the inviolable surface of digital technology—masquerading, almost successfully, as textured surfaces. But this nearly pornographic precision is less the byproduct of any technological fixation than an effort to eke delicacy out of standardized, indelicate modes of reproduction. Tacked up with an entomologist’s self-conscious care, these reproductions put forth rare pleasures.

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