lundi 3 mars 2008

la Biennale du Whitney 2008 (first take)

Heather Rowe, Screen (for the rooms behind), 2007

Henriette Huldisch, à gauche, et Shamim Momin, commissaires de la prochaine Biennale, à l'intérieur de l'installation de Fia Backström au Whitney Museum

Dans l'éditorial de la Biennale, les commissaires identifient certains modes de travail et préoccupations thématiques actuelles:

-Une exploration de la fluidité des structures de communication et des systèmes d'échange qui induisent des contextes sociaux, politiques et économiques plus vastes, cherchant le plus souvent à contrarier les stratégies du marché de l'art, plus orientées vers l'objet.

-Une investigation nuancée de l'espace social, domestique et public, dans sa traduction formelle (surtout sculpturale, mais aussi photographique et cinématographique).

-Ils concilient rigueur formelle et conceptuelle avec des récits personnels ou références historiques. Si certains démontrent un engagement explicite ou implicite avec l'histoire de l'art, en particulier l'héritage du modernisme, ainsi qu'un intérêt prononcé pour l'expérimentation de la mise en scène et du langage de l'exposition, d'autres analysent la topographie et l'architecture décentralisée de la ville américaine, en s'inspirant des paysages postindustriels et de la dégradation urbaine.

-Par l'utilisation de matériaux humbles ou austères, ou à travers une désorganisation calculée et des modalités de déconstruction, ils présentent des œuvres qui trouvent une "sensibilité poétique" dans des endroits parfois inattendus.

-La création d'œuvres éphémères, basées sur le principe de l'événement, qu'il s'agisse de musique ou de performances, de workshops de danse, d'émissions de radio, de projets éditoriaux, d'activités communautaires, de projections de films, de rencontres culinaires ou de conférences. Ces projets ne cherchent plus à s'opposer à des institutions; ils accordent la même importance à chacune de ces multiples plate-formes, aussi bien en exposant des objets dans le musée ou la galerie, qu'en cherchant à compliquer et à transcender leurs paramètres.

-À travers les médias, certains artistes ont des préoccupations politiques bien qu'ils s'adressent le plus souvent de façon oblique ou allégorique. Persistance, croyance et désir de retrouver du sens, à travers des modes et des activités ancrées dans ce qui ressemble à un moment de transition de l'histoire. Plutôt que de poser une réponse ou un approche définitif, ces artistes démontrent une passion pour la recherche, positionnée dans la réalité immédiate d'une époque socio-politique incertaine.

*
Performances, installations éphèmeres et autres événements: les commissaires disent que cette biennale va remplacer le look post-punk de la dernière édition avec des œuvres qui traversent les disciplines. Des "pratiques élargies" où les artistes travaillent dans divers médiums: plutôt que de se limiter à faire des objets pour les galeries, les artistes investissent aussi la scène, par exemple. Il y a des artistes établis, influents auprès des jeunes artistes: John Baldessari, Robert Bechtle, Mary Heilmann, Michael Smith, Sherrie Levine et Olivier Mosset. La biennale souligne aussi la poursuite du phénomène des collectifs d'artistes et des pratiques de collaboration dans le paysage de l'art contemporain.

Artistes ici

Plus de 70% des oeuvres sont des productions in situ. Shamim Momin: "La plupart des artistes travaillent sur le mode de l'installation, même s'il s'agit de photographies ou de peinture. Ils intègrent une pensée de l'espace et le rapport entre les oeuvres au processus même de création. Le manque de moyens pour posséder un espace de travail les amène souvent à développer leurs démarches de façon conceptuelle jusqu'à qu'ils trouvent une opportunité d'exposer".
"On a aussi cherché à identifier des communautés d'artistes, qui tendent à se développer en dehors des ateliers, ce qu'on a appelé des "pratiques élargies". Il ne s'agit plus d'opposer la création d'objets spécifiquement pour la galerie et des projets éphémères, dans une veine performative, mais de les faire coexister dans un large spectre de pratiques. Certains événements basés sur le temps ou la durée peuvent avoir lieu à l'intérieur d'une installation. Ou, à l'inverse, un événement performatif peut produire des objets qui peuvent être exposés par la suite."
"Tandis qu'à New York le réseau de l'art se constitue essentiellement autour des galeries en lien avec les musées, à Los Angeles les liens émergent à partir d'un système basée autour des écoles, ce qui permet d'envisager des collaborations entre artistes, l'un des axes majeurs de la Biennale".

Dans son essai, Henriette Huldisch parle de "less-ness" (un néologisme emprunté à Beckett, la "moinsité", pour évoquer un devenir "moins" qui n'est jamais équivalent à un "rien"), en y distinguant "la modestie du matériel, l'absence comme présence, le caractère local du geste, et une idée de recul et ralentissement".
Shamim Momin évoque, pour sa parte, les décalages temporels, autour de pratiques développés selon des différentes temporalités et durées. Et de cette façon repenser la linéarité et la narrative du modernisme, où il ne s'agit pas que de causalité.

Aucun commentaire: